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Jean-Paul Delahaye : Le CPE "une chance pour notre pays", interview et parution

mardi 29 mars 2016, par Stéphane GOUDET

Ancien directeur de l’enseignement scolaire, JP Delahaye a fortement contribué à l’évolution récente de la fonction de CPE. Il revient ici sur les deux derniers textes qui ont accéléré le mouvement de transition du CPE du surveillant au conseiller. Il montre aussi les enjeux de l’application des textes.*

Quelles sont les qualités d ’un bon CPE ?

C’est un bon professionnel qui connait par sa formation des élèves, de l’établissement. Car ces connaissances seules permettront d’exercer la caractéristique principale de son métier : conseiller. Cette fonction est essentielle. C’est le conseiller du chef d’établissement, celui des professeurs sur certains sujets, des parents et aussi des élèves. Un bon CPE est à la fois le garant du respect des règles de droit avec d’autres et un conseiller.

Les CPE sont un héritage napoléonien ?

C’est un héritage du début du 19ème siècle. Napoléon crée le lycée avec des professeurs qui n’ont qu’une seule mission : l’enseignement. Le surveillant général apparait en 1819 avec un statut qui se précise sous la Monarchie de Juillet. Mais très vite cela parait peu satisfaisant. Ainsi le vice recteur Octave Gréard parle d’"agglomération excessive" dans le lycée. En 1899 la commission Ribot dit que "l’enseignement est réparti entre un nombre de plus en plus grand de maitres dont chacun joue un rôle de plus en plus limité".

Historiquement le 2d degré est un niveau d’enseignement qui juxtapose la fonction d’enseignement et celle d’éducation. D’une certaine manière l’histoire du métier de CPE s’inscrit dans celle du système éducatif qui vise maintenant à gommer ce clivage, à inscrire davantage de coopération. C’est cette évolution aussi qui explique la publication de la 3ème édition du "Conseiller principal d’éducation". En effet, est en train de passer à une politique éducative qui lie tous les acteurs. Cette évolution vient de loin mais elle n’est pas encore entrée totalement dans les faits. Il y a encore une marge entre le métier prescrit et le métier réel.

Dans le rappel historique que propose le livre, je donne quelques jalons de cette histoire. Un premier jalon, ce serait en 2005 la loi Fillion. La loi crée le conseil pédagogique. A l’époque avec Patrick Gérard, directeur de l’enseignement scolaire, on a considéré que le CPE devait en faire partie. Le CPE est donc reconnu comme porteur d’une transversalité.

Deux autres jalons récents, qui justifient cette 3ème édition, sont deux textes majeurs : l’arrêté du 1er juillet 2013 qui fixe le référentiel des métiers du professorat et de l’éducation et la circulaire de mission du 10/8/2015. L’arrêté de 2013 est passé au CSE avec seulement 3 voix hostiles. C’est dire qu’il a fait une quasi unanimité dans le monde de l’éducation. Il établit 14 compétences communes à tous les métiers de l’éducation. Avec ce tronc commun on lutte contre la juxtaposition des missions. C’est un clin d’oeil à O Gréard !

Deux compétences, citées page 43 du livre, montrent ce chemin de convergence. La 3ème, "connaitre les élèves et les processus d’apprentissage", est partagée par les enseignants et les CPE. La compétence 6 "agir en éducateur responsable" veut dire accorder à tous les élèves de l’attention, de l’intérêt aux éducations transversales, se mobiliser contre les discriminations, mais aussi "contribuer a assurer le bien être et la sécurité des élèves". Dans cette compétence commune il y a la volonté de lutter contre les clivages entre enseignants et CPE.

En écrivant ainsi des compétences communes on encourage des évolutions. On voit que le projet d’établissement ne peut plus se borner à juxtaposer des volets. Le chef d’établissement est le pilote d’un collectif. Il doit passer de l’injonction à la facilitation. Si on regarde les compétences spécifiques, on passe de la vie scolaire à une politique éducative , on met en évidence la fonction de conseiller du CPE. Ce texte facilite l’évolution du métier de CPE.

Le 2ème texte , la circulaire du 10 août 2015, qui actualise celle de 1982, renvoie au référentiel de 2013. On trouve dans ce texte une définition plus globale de la vie scolaire avec la mention du fait qu’elle contribue à "la réussite scolaire". En 1982 on ne parlait que de "conditions d’épanouissement personnel". On a ajouté la réussite scolaire ce qui confirme l’entrée en pédagogie du CPE. La circulaire dit aussi que le CPE est auteur et acteur de la politique éducative de l’établissement. C’est un concepteur.

On est donc bien dans une dimension plus inclusive de la fonction. Le mot "élève" apparait 29 fois dans ce texte contre 8 en 1982. Le mot contribuer apparait 1 fois en 1982 et 20 fois en 2015. Pour partager on a la même évolution.

La fonction de CPE est un élément de démocratisation de l’école ?

Oui. Dans l’évolution à l’oeuvre actuellement. Il contribue à faire de l’école une école plus inclusive en donnant la main aux enseignants, par exemple pour l’orientation.

Dans les établissements les relations restent pourtant souvent distantes entre enseignants et CPE. Qu’est ce qui peut faire évoluer cette situation ?

C’est vrai. Il y a le métier prescrit et le métier réel avec encore des endroits où le clivage existe et où on repousse le CPE vers le maintien de l’ordre. Mais ce n’est pas tenable. On voit bien que le climat scolaire par exemple ne dépend pas que du CPE. C’est à la fois la cause de la qualité de ce qui va se faire dans l’établissement et une conséquence. Un climat apaisé c’est la conséquence d’un travail pédagogique encourageant. Dans les établissements où se sont rapprochées les deux fonctions on voit que l’on décuple les forces.


En ce moment on parle beaucoup de mobilisation pour les valeurs de la République. Ca remet sur le devant de la scène la fonction de CPE ?

Oui. On retrouve la dimension globale déjà évoquée. Cela se voit par exemple avec les Conseils de la vie lycéenne (CVL). On sait que les CVL ne fonctionnent correctement que dans un tiers des lycées. C’est parce qu’on a ce clivage entre éducation et instruction. D’un coté on avait l’ECJS devenu EMC, une formidable possibilité de débat argumenté, et de l’autre la vie scolaire avec les CVL, sans lien avec la vie de l’établissement. On arrivait à une impasse. Avec les nouveaux programmes et les nouveaux textes on voit que cette mobilisation ne peut arriver à grand chose si on travaille chacun dans son coin. Si les élèves ne voient pas de cohérence d’attitude entre EMC et CVL.

Les relations avec les parents c’est l’affaire des CPE ?

C’est l’affaire de tout le monde. C’est une compétence commune. On n’est pas de trop à rassembler toutes les forces pour cette action. Les CPE font la synthèse des absences et appellent les parents le cas échéant. Mais l’enseignant informe les parents sur son enseignement et le travail des élèves. Chacun est dans son rôle sans confusion. Au conseil de classe tout le monde est là.

L’avenir de l’école c’est la fin des CPE comme c’est le cas à l’étranger où les CPE n’existent pas ?

Non. Si on parvient à ce qu’il y ait moins de distance entre le métier prescrit et le métier réel, l’existence des CPE peut être une chance pour notre pays. J’en suis persuadé.

Propos recueillis par François Jarraud
source : le cafépédagogique
http://www.cafepedagogique.net/lexp...

Que sait-on du conseiller principal d’éducation ?

Particularité du système éducatif français, le conseiller principal d’éducation (CPE) connait une évolution remarquée avec a refondation de l’école. Deux textes importants, en 2013 et 2015, cadrent la fonction et justifient la publication d’une nouvelle édition de l’ouvrage classique de Jean-Paul Delahaye.

Du surveillant général au conseiller principal d’éducation, la fonction dévolue au maitre de la "vie scolaire" a considérablement évolué en un demi siècle. Ce mouvement s’est accéléré avec la publication en 2015 d’une circulaire qui cadre la fonction en l’insérant dans un collectif éducatif. Conseiller du chef d’établissement le CPE est aussi un au coeur de la vie éducative de l’établissement où il travaille en lien avec les enseignants, les élèves et les parents.

L’ouvrage de JP Delahaye, ancien directeur de l’enseignement scolaire et, avant cela inspecteur général "vie scolaire", revient sur l’évolution de la fonction. Il retrace cette histoire pour arriver çà une époque où l’auteur devient acteur de cette évolution. L’ouvrage offre donc une vision très claire des buts poursuivis et des évolutions qui amènent le CPE a une fonction de "conseiller" et on plus de "surveillant".

Mais on appréciera aussi dans l’ouvrage les 15 fiches pratiques qui décrivent de façon très concrètes l’essentiel du métier. Qu’il s’agisse des obligations de service des CPE, du rôle du CPE vis à vis de la restauration, des internes, du contrôle de l’assiduité ou de l’application du règlement intérieur, on trouve là des sommes indispensables à qui souhaite devenir CPE ou au CPE qui exerce en établissement. On appréciera aussi la fiche sur "le CPE et la formation à la vie civique" qui montre bien l’articulation du métier entre pédagogie et éducation. Le rôle des CPE vis à vis des conduites à risques ou sur l’organisation de l’espace scolaire, font l’objetd e développements appréciables.

L’ouvrage est la somme précise et concise indispensable à tous ceux qui s’intéressent à l’évolution de l’Ecole et aux candidats aux concours de CPE. Les évolutions récentes de la fonction rendent cette nouvelle édition indispensable.

Jean Paul Delahaye, Le conseiller principal d’éducation. De la vie scolaire à la politique éducative - 3e édition, Berger Levrault, ISBN : 978-2-7013-1875-2

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