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Un outil pour la/le CPE afin de meux comprendre ses interlocuteurs

lundi 2 août 2021, par Stéphane GOUDET

Comment améliorer sa gestion des conflits, plaintes ou reproches ? La boussole du langage sert à lever des obstacles qui mènent à l’incompréhension dans une situation de communication. La boussole permet de comprendre les motivations de l’interlocuteur, sa vision du monde et les éléments qui le poussent à penser et parler comme il le fait.

La boussole du langage est constituée de deux parties :

-l’identification du niveau de réalité où se situe l’interlocuteur ;
-les questions clarifiantes qui évitent l’affrontement (dans un échange interpersonnel) ou la noyade dans nos propres commentaires internes (au cours d’un monologue, de pensées automatiques).

L’idée est de se mettre en lien avec le bien-fondé de la position soutenue par une personne.

A quoi sert la boussole du langage ?

La boussole du langage peut nous aider à décrypter de la logique d’un interlocuteur. Dans son livre Du désir au plaisir de changer, Françoise Kourilsky liste les avantages de la boussole du langage :

-Améliorer la qualité de l’information verbale émise par nos interlocuteurs.
-Remettre la personne en contact avec son expérience en lui permettant d’être plus proche de ce qu’elle ressent et pense dans son expression verbale.
-Identifier les distorsions, sélections, interprétations, suppositions et généralisations qui limitent la représentation de notre interlocuteur.

Les 4 coins de la boussole


Tous les humains ont une vision du monde. Ce dernier recouvre notre système de croyances, notre échelle de valeurs, les hypothèses et prémisses de base qui nous guident, les normes et les règles qui nous régissent, les critères d’évaluation qui sous-tendent nos jugements et nos décisions. La boussole du langage reprend les éléments qui forment notre vision du monde et les organise de manière schématique.

Au nord de la boussole se trouvent les connaissances factuelles, c’est-à-dire comment nous percevons une situation avec nos sens, comment nous utilisons nos yeux et/ou nos oreilles pour vérifier les faits. Revenir au nord permet une meilleure compréhension interpersonnelle car nous pouvons nous appuyer sur des faits objectifs et factuels partagés pour poursuivre l’échange.

Au sud de la boussole se trouvent les faits subjectifs, c’est-à-dire comment nous donnons à nos expériences une interprétation, une signification ou quelles hypothèses ou suppositions nous faisons pour donner du sens aux faits.

A l’ouest de la boussole se trouvent les règles que nous énonçons à propos de nous, des autres, du monde et de la vie.

A l’est de la boussole se trouvent les jugements et les évaluations.

Les questions clarifiantes

Les questions de la deuxième partie de la boussole servent à explorer la logique de la construction de la réalité de l’interlocuteur. En nous appuyant sur ses propres critères, nous pourrons lui proposer un autre sens à la réalité dans le but d’élargir le champ de ses possibilités. Mieux vaut ne pas rediriger les idées d’une personne avant de vérifier sur quelles bases – interprétations, règles, jugements – reposent ses idées. Il sera beaucoup plus efficace d’amener un contre-exemple ou un recadrage après avoir rejoint l’interlocuteur dans sa manière de raisonner et de l’avoir ramené au nord pour une évaluation plus objective.

La pertinence des questions que l’on pose alors est directement liée à l’écoute de l’autre.

Si notre interlocuteur émet une interprétation, une supposition ou un jugement qui le limite dans la résolution de son problème, nous utiliserons ces questions clarificatrices afin de recueillir les critères sur lesquels repose sa limitation. – Françoise Kourilsky

Le recours à la boussole du langage évite de s’engager dans des échanges stériles, où chacun parle mais personne ne se comprend. Par exemple, si une/un élève affirme « personne ne m’apprécie ici », nous pourrons avoir recours à la boussole plutôt que lui répondre “mais si, on t’apprécie”, “mais tu ne fais rien pour t’intégrer” ou bien “arrête de te plaindre”. Dans cet exemple, l’affirmation « personne ne m’apprécie ici » est un jugement (sous-entendant que les autres sont méchants/ excluants ou que l’interlocuteur se trouve inintéressant/ nul). On se situe à l’est de la boussole, ce qui nous indique les questions clarifiantes les plus efficaces à utiliser pour le faire revenir au nord. Nous pourrions alors demander comment ce désintérêt se manifeste, ce que les autres font et qui amène la personne à penser qu’elle n’est pas appréciée. Pour obtenir ces informations, un soin particulier sera porté à la structuration des questions :

– Dans quelles situations précises la personne ne se sent-elle pas appréciée (quand, où, combien de fois) ? Qu’ont dit ou fait exactement les autres élèves ?

– Si le problème était résolu, qu’est-ce qui indiquerait que les autres sont devenus agréables ? Comment cela se manifestera-t-il dans leurs comportements ?

– Qu’est-ce que cela permettrait à l’élève qui se plaint de mieux vivre, d’expérimenter ?

Tant que deux personnes n’ont pas cerné concrètement le problème, les conseils et les suggestions de l’une ont peu de chance d’être entendus et appliqués par l’autre.

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Sources : article du site appredreeduquer.fr, outil tiré du " Du désir au plaisir de changer : le coaching du changement" de Françoise Kourilsky (éditions Dunod).