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Quand un élève ne veut pas s’exprimer , n’a pas envie de se confier

lundi 18 avril 2022, par Stéphane GOUDET

Il arrive que nos élèves ne souhaitent pas se confier et se figent dans le mutisme suite à une blessure émotionnelle, un conflit, une réaction de rejet d’un groupe, une dispute ou encore une maladresse. Comment les accompagner sans les forcer ni rompre le lien ?.

Raisonner en termes de comportement : les comportements sont des éléments de communication !

La communication ne passe pas forcément par des mots. Les comportements, gestes et silences sont aussi des éléments de communication. Il nous revient d’apprendre à les décoder en termes d’émotions et de besoins. Un(e) élève qui ne veut pas se confier a peut-être honte ou peur (de notre réaction ou d’une punition par exemple). Il/elle est peut-être trop en colère ou trop triste pour pouvoir parler. Il/elle a peut-être besoin de réconfort, d’une présence sans jugement, d’une personne auprès il/elle pourra libérer son énergie de colère avant de pouvoir réfléchir…

Raisonner de cette manière nous permet d’accéder aux émotions et aux besoins qui sous tendent le comportement des élèves sans entrer dans un jeu de pouvoir (“Raconte moi/ Pourquoi tu ne veux pas me parler ?/ Si tu ne me dis pas ce qui s’est passé, je ne peux pas t’aider”).

Voici des articles pour accompagner cette démarche :

Mieux identifier les besoins pour apprendre à gérer ses émotions

Emotions et besoins sous-jacents : un outil pour les verbaliser

Aider les élèves à mieux comprendre leurs besoins

Reconnaître le besoin de retrait

Des stratégies comme la solitude, le retrait, l’introspection peuvent être des moyens de vivre ses émotions passagères tout à fait sains.

Il s’agit ici de ne pas forcer l’élève et de lui assurer un espace et du temps de tranquillité tout en lui offrant une disponibilité de notre part, ou de la part de l’équipe vie scolaire.

L’écoute bienveillante, c’est n’est pas vouloir tirer les vers du nez à tout prix et les jeunes ont évidemment droit à leur jardin secret. Le fait qu’un(e) élève ne veuille pas se confier ne doit pas être un problème en soi mais peut le devenir quand on a l’intuition que le problème doit être traité dans l’intérêt de l’élève.

Passer par des moyens détournés

Les adolescents, surtout les plus jeunes et ceux qui ne maîtrisent pas un vocabulaire riche pour parler des émotions, n’ont pas les moyens linguistiques de mettre leurs émotions en mots. Cela est d’autant plus difficile que le cerveau des jeunes enfants est immature et que même les plus âgés (y compris les adolescents et même les adultes !) n’ont pas accès au “cerveau qui réfléchit” sous le coup des émotions. Nous pouvons les aider à verbaliser.

Apprendre à identifier et verbaliser ce que l’on ressent

les cartes des sentiments agréables et désagréables

Réfléchir à notre propre manière de dévoiler notre vulnérabilité et de régler nos problèmes

Les adolescents observent et imitent les adultes ou certains pairs.

Il peut être utile de réfléchir à nos propres habitudes et à ce que nous donnons à voir (et donc à imiter) aux élèves :

- est-ce que je parviens à parler de ma colère, de ma peur , de ma déception ?
- est-ce que j’ai appris à mettre des mots appropriés et ajustés sur mes émotions et mes besoins ?
-est-ce que j’accepte de montrer ma vulnérabilité ?
-est-ce que je sais me confier à une personne de confiance quand je sens que j’ai besoin d’aide, de soutien ?
-si ce n’est pas le cas, comment amorcer un processus d’alphabétisation émotionnelle ?
-est-ce que je donne envie aux élèves de se confier à moi (ou alors est-ce que les élèves ont peur de se confier parce qu’il craignent une punition, un isolement, une leçon de morale…) ?

Explorer des causes non émotionnelles

Pour autant, les adolescents qui se renferment, qui partent au quart de tour systématiquement sans pouvoir expliquer pourquoi ils agissent ainsi, qui semblent avoir du mal à voir clair dans ce qui se passe en eux rencontrent peut-être des problèmes d’un autre ordre. Le phénomène du décrochage scolaire peut alors en être l’expression.

Il peut être intéressant de faire un pas de côté et d’explorer des causes non émotionnelles (à évaluer en équipe) et notamment :

-des difficultés familiales
-un trouble de l’apprentissage (dys), un trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité, un trouble de la vue ou neuro visuel ;
-des troubles du sommeil
- des difficultés à tisser des relations
etc...

C.P.E et persévérance scolaire : le GPDS
Sensibiliser, mobiliser une équipe autour de la prévention du décrochage scolaire : outils

Quoiqu’il en soit, l’important est de ne juger ni l’attitude de l’élève ni son émotion. L’attitude adéquate est une attitude empathique et rassurante .

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Article inspiré de la vidéo

Vidéo d’Isabelle Filliozat – Que faire pour accompagner un enfant qui ne nous dit rien ?