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Le cerveau des enfants du numérique

mercredi 6 mai 2020, par Stéphane GOUDET

Avec les jeux vidéos et les différents écrans, les jeunes sont rapides, multitâches et zappent facilement. Mais que se passe-t-il dans leur cerveau ? Quelles sont les conséquences de ces nouveaux usages sur leurs apprentissages ?

Le cerveau des enfants nés à l’heure du digital est-il différent ? A-t-il gagné ou perdu des aptitudes ? Réponses du psychologue et spécialiste du développement de l’enfant Olivier Houdé.

La génération Z (12-24 ans), qui a grandi avec les jeux vidéo et les téléphones portables, a gagné des aptitudes cérébrales en termes de vitesse et d’automatismes, au détriment parfois du raisonnement et de la maîtrise de soi, explique le professeur de psychologie Olivier Houdé. Dans cet entretien accordé à l’AFP, le directeur du Laboratoire de psychologie du développement et de l’éducation de l’enfant du CNRS-La Sorbonne (LaPsyDé) et auteur du livre "Apprendre à résister" (Le Pommier), il préconise un apprentissage adapté à ces mutations.

Le cerveau des enfants nés à l’heure du digital est-il différent ?

Olivier Houdé : Le cerveau reste le même, mais ce sont les circuits utilisés qui changent. Face aux écrans, et du coup dans la vie, les natifs du numérique ont une sorte de TGV cérébral, qui va de l’œil jusqu’au pouce sur l’écran. Ils utilisent surtout une zone du cerveau, le cortex préfrontal, pour améliorer cette rapidité de décision, en lien avec les émotions. Mais cela se fait au détriment d’une autre fonction de cette zone, plus lente, de prise de recul, de synthèse personnelle et de résistance cognitive.

Qu’appelez-vous "résistance cognitive" ?

Il y a en fait trois systèmes dans le cerveau humain. L’un est rapide, automatique et intuitif, très sollicité aujourd’hui par les écrans. Un deuxième est plus lent, logique et réfléchi. Un troisième, au niveau du cortex préfrontal, permet d’arbitrer entre les deux premiers systèmes : c’est le cœur de l’intelligence. Il permet d’inhiber les automatismes de pensée quand on doit faire appel à la logique ou à la morale. C’est la résistance cognitive. Inhiber, c’est résister. Les natifs du numérique doivent réapprendre à résister pour bien penser.

Comment cela peut-il se traduire dans la vie des enfants ?

C’est un processus remarquable d’adaptation, de prise de recul qui permet de résister à ses réponses impulsives. Le cerveau résiste à lui-même. Mais la maturation de ce processus est lente au cours du développement de l’enfant et de l’adolescent. C’est pourquoi il faut l’éduquer et même l’entraîner intensivement à l’école ! C’est ce que j’appelle "apprendre à résister", une pédagogie du contrôle cognitif. Nous l’avons démontrée en laboratoire, mais il reste encore à imaginer toutes ses applications à l’école. C’est utile pour le raisonnement, la catégorisation, mais aussi la lecture, les maths, etc.
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